Lysandre adorait l'hiver, surtout les périodes de fêtes. Sur sa planète natale, les saisons étaient rares, et ils faisaient souvent si chaud que n'importe quel humain lambda ne l'aurait jamais supporté. Mais s'il y avait une saison que l'extraterrestre avait toujours aimé, c'était bien la saison des neiges - autrement dit, l'hiver, comme l'appelaient les Terriens. Sur Terre, pourtant, les hivers pouvaient se révéler beaucoup plus frais et destructeurs que sur Almerac, ce qui ne dérangeait en aucun cas Lysandre. La nature ici était plus vivante, plus colorée, plus chatoyante. On pouvait aisément deviner en quoi elle semblait si hospitalière aux invasions galactiques ennemies : aucune autre planète ne connaissait une étendue d'espèces aussi variée. Bien sûr, il lui arrivait souvent de regretter Almerac et toute sa famille, mais sa vie était sur Terre à présent, et il n'abandonnerait jamais sa femme et sa fille au détriment des siens, à des millions d'années lumière d'ici.

Mais aujourd'hui était un jour spécial : il neigeait. A l'instar de tous les enfants, Lysandre s'émerveillait toujours devant la pluie de flocons qui se déversaient sur le sol, à la manière d'un tapis de plumes blanches. Et plus les fêtes de fin d'année approchaient, plus l'alien sentaient son excitation grandir. Sur Almerac, les fêtes étaient rares, y compris les anniversaires. Voilà pourquoi il n'avait pas mis longtemps à adopter les coutumes terriennes. Noël, en particulier l'émerveillait - et comme chaque citoyen lambda qui se respecte, Lysandre ne manquait jamais une occasion pour transformer sa maison en véritable palais de lumières. Des guirlandes, des sapins, tout ce qui pouvait s'éclairer se retrouver dans la maison, dans le jardin, sur le toit. Absolument partout - ce qui pouvait très vite se révéler un cauchemar pour ses proches. Sa femme, notamment perdait parfois patience. Ozyria, toutefois, était toujours ravie des prouesses de son père en la matière. Le don d'électrokinésie était très utile en des temps pareils.

Faisant parti des seuls courageux à avoir su braver la tempête et le froid extérieur, Lysandre profita de ces heures de tranquillité pour venir se ressourcer au contact de la nature. L'air n'était pas des plus purs à New York, mais même la pollution ambiante n'aurait suffit à lui saper le moral. Emmitouflé dans son manteau tel un esquimau, il regrettait de ne pas être chez lui, à construire un bonhomme de neige avec sa fille. Au lieu de quoi, il se contenta de regarder la neige tomber, sans même se lasser. Si Kaitlyn avait été là, elle n'aurait pas manqué de lui envoyer de la neige en pleine figure, riant aux éclats. Il espérait que les fausses araignées qu'il avait mis dans son déjeuner suffise à refréner ses ardeurs. Qui aime bien, châtie bien. C'était bien la phrase qui leur convenait le mieux, à tous les deux.

Il n'y avait pas grand monde dehors, et le peu de personnes présentes étaient occupées à se balancer des boules de neige. Des adolescents, aux hormones et à l'insouciance encore bien présents, malgré ce qu'ils voulaient admettre. Ne regardant pas où il allait, Lysandre manqua de percuter quelqu'un - qui semblait occuper à faire un footing. Un être bien téméraire pour oser affronter le froid et faire du sport ainsi. " Terriblement navré, je ne regardais pas où j'allais. " Et le mot était faible. Regardant son interlocuteur avec plus d'intensité cette fois, Lysandre constata qu'il ne l'avait jamais vu auparavant. Au vu de son âge, il aurait facilement pu être un professeur, mais l'alien ne l'avait jamais vu en salle des professeurs auparavant. Un élève, donc ? Ou bien un simple agent du SHIELD venu se remettre en forme. Ces agents étaient cinglés, il était bien placé pour le savoir : sa femme en était une.