Le paradis. Il fait beau malgré la morsure de l’hiver et je suis là étendu au pied d’un arbre, au soleil. Je suis sous forme féline, un beau chat blanc aux yeux azur se prélassant sous les rayons chaleureux du soleil. J’aime bien dormir en prenant une forme animale quelconque. Généralement j’opte pour le panda roux, tout le monde aime les pandas roux et quand quelqu’un me croise, il veut me caresser. Et moi j’aime les caresses, alors je ne dis pas non. Le dimanche, jour du Seigneur, c’est fait pour se la couler douce, non ? Bon, moi je ne vais pas à la messe et toutes ces conneries, je n’y crois pas. Mais je ne me sens absolument pas gêné de prétexter une cause religieuse quand c’est pour m’allonger dans l’herbe et bronzer un peu. J’ai rangé mes vêtements derrière un buisson près de l’arbre, pour ne pas qu’on me les vole. Malheureusement, quand je me transforme, mes habits ne se transforment pas avec moi, soit je rétrécie pour un animal plus petit et mes vêtements tombent au sol, soit ils se déchirent quand j’emprunte la forme d’un animal plus imposant comme le jaguar par exemple. J’entends du bruit. Des pas. J’aime les sens décuplés que j’ai lorsque je suis sous une forme féline, j’entends tout. Lové en boule contre l’arbre, je sors ma tête, les oreilles tendues, à l’affût.

Je vois Siméon passer et je ne réfléchis même pas, je me lève tout de suite, m’étirant, miaulant assez fort pour qu’il me remarque. Siméon, il est … Incroyable. Je l’aime beaucoup. Il est incroyablement beau, il embrasse aussi incroyablement bien et il fait plein d’autres choses dans le même style de manière … incroyable. Je marche jusqu’à lui, véritable pacha dans la démarche de félidé. Il parle aux animaux, il est le seul à me comprendre sous n’importe quelle forme, et rien que pour ça, il a mon respect et mon affection. Comme si nos pouvoirs me liaient à lui. Il peut les commander également, mais pas moi, je suis à moitié humain après tout. Voyons voir si je peux me jouer de lui un petit peu …

- *Je veux des caresses !*

Je ronronne, essayant de modifier ma voix pour ne pas qu’il me reconnaisse, préférant faire des phrases courtes, ne pas prendre le risque d’être reconnu en parlant trop. Je me frotte à sa jambe, la queue ondulant en l’air, frottant ma frimousse contre son pantalon. Je plante mon regard dans le sien, j’essaye d’être mignon, d’être irrésistible. Je le suis déjà, il le sait. Il a beau essayé de me résister même sous ma forme humaine, mais il cède toujours et on finit tous les deux nus dans un lit. Ou pas forcément dans un lit parfois … J’aime le voir essayer de se débattre alors que nous savons chacun ce qui arrivera fatalement à la fin. Alors si sous ma forme humaine, il cède toujours. Il ne résistera absolument pas à ma forme animale. Du moins, je l’espère.

Les mains dans les poches de ma veste fétiche, je lève les yeux et admire les quelques rayons de soleil qui parsèment de lueurs dorées le ciel bleu azur. Pensif, j'avance doucement par sécurité et laisse le vent s'écraser contre mon visage. J'aime me promener et admirer ces phénomènes de la nature, ce changement de décor à vive allure. La solitude est une alliée dont je ne peux me passer, elle est bien la seule à me laisser méditer. Je me laisse bercer par la douce mélodie du vent et fini par fermer les yeux. Je sombre alors sous l'emprise de ma plus profonde imagination et aperçois des décors que je ne peux que rêver. Une immense rivière à l'eau transparente, chantante. Une cascade un peu plus loin, entourée de sapins scintillants. Un son doux et sécurisant émane des coins cachés de cet environnement prenant que je ne voudrais tout bonnement jamais quitter. Ce moment est parfait, trop parfait et je sais bien que toute bonne chose a une fin, à un moment ou un autre. Le bruit d'un miaulement me ramène péniblement à la réalité qui elle, est bien moins agréable que celle que je ne cesse d'espérer. J'ouvre doucement les yeux et remarque la présence d'un chat qui renferme dans ses yeux la couleur du ciel. Je souris bêtement et approche la créature aux poils soyeux et luisant qui semblerait presque sortir de ce paradis inexistant. Je le regarde attentivement et fini par comprendre ce qu'il attend. Des caresses, il veut des caresses. Je me baisse et attrape le chat que je fini par caler entre mes bras. « *Tu es entre de bonnes mains, ne t'en fais pas.* » Je dépose mes lèvres sur sa tête et exerce une légère pression avant de le soutenir à l'aide d'un bras et de le caresser dans le sens du poil, de la tête à la queue. Puis je le dépose, sourire en coin, satisfait de cette rencontre. Je me concentre à nouveau pour lui parler. « *Tu as besoin de quelque chose, à manger peut-être ? Un coin chaud pour dormir ?* » Je sors une barre de chocolat de l'une de mes poches, l'ouvre et la dépose face à l'animal. « *C'est pour toi.* » 

Je m'installe contre un arbre, à quelques mètres à peine de façon à laisser le chat manger en toute sureté. Il est magnifique, je n'ai jamais eu de chat et il est vrai que je serais bien tenté d'amener celui-ci avec moi mais il est bien évidant que l'école n'en voudrait pas. Puis, je ne sais pas même si il appartient à quelqu'un, je devrais lui demander. Après tout, j'ai un don, alors autant en profiter. Je lâche à nouveau un grand sourire et fini par me mordre la lippe. C'est ce genre de moment qui me fait vibrer, qui devrait ne jamais s'arrêter, bien qu'il n'ait rien d'exceptionnel en soi, il provoque chez moi un bien être sans faille.   

J’aime son amour pour les animaux, ça me ferait presque rougir si je n’avais pas des poils blancs soyeux qui me couvrent le visage. Je suis bien dans ses bras à ronronner paisiblement. Il presse ses lèvres contre mon front et je miaule par réflexe, frottant ma joue contre la sienne alors qu’il me gratouille dans le sens du poil. Il me repose bien vite, trop vite à mon goût. Je miaule mon mécontentement mais il sort une friandise. Bof, je n’ai pas super faim, mais de sentir l’odeur du chocolat avec mon odorat de félin, ça me donne envie de lécher. Du coin de l’œil, je l’observe s’installer contre l’arbre près duquel je me prélassais. Je lèche le chocolat en même temps, l’histoire d’une ou deux minutes, qu’il n’ait pas gaspillé son petit en-cas pour rien, puis je retourne le voir en ronronnant. Je me faufile entre ses jambes pour mieux me frotter contre son torse. Je cherche sa main, elle vient rencontrer le sommet de mon crâne aussi naturellement que possible. *J’aime les caresses* Je lui dis sans cesser mon ronronnement profond, presque comme un moteur. *Tu es doué avec tes mains* Je le complimente en me collant le plus possible contre lui. J’aime les mains de Siméon, elles sont douces, fortes et elles savent ce qu’elles font. Toujours.

Mais je n’en peux déjà plus. Bordel, j’ai la patience d’un marmot de douze ans ! Moi qui voulais un peu jouer avec lui, je ne peux plus me retenir, je veux l’embrasser. De la manière aussi simple que je m’étais transformé en chat, mon corps change, grossit, grandit, mes poils sont troqués par une peau blanche quasiment imberbe. Je suis à califourchon sur Siméon, totalement nu et je l’embrasse au coin des lèvres. « Surprise. » Je dis tout bas en ricanant. Finalement, je dépose un baiser sur ses lèvres, éphémère. Il fait froid mais ça va, je supporte, j’ai connu pire. J’irai m’habiller dans deux minutes. Pour le moment, j’aime juste sentir Siméon contre moi, ses joues sont chaudes entre mes mains. Ses mains aussi le sont. « Et je pense ce que j’ai dit. T’es doué avec tes mains … J’aime quand tu me caresses. » Je lui murmure à l’oreille en déposant un baiser le long de sa mâchoire. Je me lève finalement, allant dans le buisson d’à côté, piochant dedans. J’y sors mon boxer que j’enfile sans grande peine, puis mon jeans et finalement mon sweat-shirt avant de revenir vers un Siméon toujours aussi surpris. J’aime bien le taquiner, il est si beau quand il est pris au dépourvu. « Désolé pour la surprise, mais l’envie était trop grande ! Puis j’avais envie de t’embrasser. Pour pas changer … » Je viens m’installer près de lui, un sourire malicieux décorant mon visage. « Tu m’en veux ? Je peux me rattraper si tu veux ? Tu préférais quand j’étais nu peut-être ? Dis, tu veux bien m’embrasser ? » Je lui demande, sans pause, le harcelant de mes interrogations, combattant mon feu intérieur, l’irrésistible envie de m’emparer de ses lèvres.